UN ANCIEN LEGIONNAIRE UKRAINIEN

par **Admin** Jeu 27 Fév 2020 - 10:20

[size=55]L'ex-légionnaire devenu séparatiste

Ukraine. « Dimitri », garde du corps d'un jour de François Hollande, assure la protection du leader des séparatistes prorusses de la République du peuple de Donetsk.

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Etrange destinée. On peut avoir assuré la protection du président François Hollande pendant quelque 48 heures... et être le garde du corps personnel du chef séparatiste de la nouvelle République du peuple de Donetsk, cette terre située à l'est de l'Ukraine qui revendique son indépendance. C'est le surprenant CV d'un mercenaire de 28 ans, rencontré à Donetsk, théâtre d'affrontements entre l'armée ukrainienne et des miliciens séparatistes, dont le jeune homme a épousé la cause.

Dimitri, le prénom qu'il s'est choisi pour témoigner, s'est engagé pendant cinq ans dans la légion étrangère, ce corps de l'armée française qui permet l'intégration de soldats venus d'autres contrées.

L'armée ukrainienne a tenté de le mobiliser

Basé à Calvi (Corse), dans le 2 e REP (régiment étranger de parachutistes), l'ancien caporal a pris part aux dernières interventions de la France. Au Mali, où avec sa compagnie d'éclairage et d'appui il a effectué le repérage pour ses camarades qui ont sauté en parachute sur Tombouctou, en pleine guerre contre les jihadistes. En Jordanie, sur le camp de Zaatari, où il a sécurisé l'hôpital militaire où les Français soignent des réfugiés syriens. Un service qui l'a également conduit à assurer la protection personnelle de François Hollande, en janvier 2013, lors de la visite d'une base navale à Abu Dhabi. « Il est vraiment sympa, je lui avais demandé de m'aider pour les papiers, il avait accepté », assure-t-il en français.

A quelque 2 300 km de Calvi, qu'il a quitté en septembre 2013 une fois son service accompli, Dimitri veille aujourd'hui sur la sécurité de Denis Pouchiline, le chef de cette république en toc. Une tâche qu'il prend très au sérieux. L'ancien légionnaire agite frénétiquement son pistolet automatique sous le nez des visiteurs et ne lâche pas d'une semelle son patron. « Même quand il se douche, je suis à ses côtés », dit-il. A peine le garde du corps s'autorise-t-il quelques brèves pauses pour fumer des cigarettes (russes), dans les toilettes qui jouxtent le bureau du chef.

Natif d'Odessa, port du sud de l'Ukraine, Dimitri a quitté les siens au lendemain du drame qui a ébranlé sa ville, le 2 mai. Un incendie dans lequel une quarantaine de séparatistes prorusses ont péri, sous les coups des partisans du gouvernement de Kiev. « Ã?a m'a trop choqué. Moi, je suis ruskov », assène celui qui considère son passeport ukrainien comme une incongruité. « Ma patrie, c'est la Russie », affirme-t-il, rappelant être né avant l'effondrement de l'URSS, en 1991. Lorsque l'armée ukrainienne a tenté de le mobiliser, Dimitri a pris la poudre d'escampette. Et rejoint un contingent séparatiste. Aujourd'hui, il rêve de participer à l'avènement d'une « Nouvelle Russie ». De temps à autre aussi, ses pensées retournent vers Strasbourg, où sa petite amie ukrainienne suit des études de droit. « Mais je ne sais pas quand on se reverra », soupire-t-il.